BIENFAITS DU SOLEIL : IL N'Y A PAS QUE LA VITAMINE D

 

BIENFAITS DU SOLEIL : IL N’Y A PAS QUE LA VITAMINE D

 

SE SOIGNER GRACE A LA LUMIERE

 

Une supplémentation en vitamine D pourrait-elle nous faire jouir de tous les bienfaits du soleil sans ses inconvénients ? La réponse est non, car l’astre agit de multiples manières sur notre organisme pour nous maintenir en bonne santé, physique et morale.

 

Au 19ème siècle, une maladie de peau cause des ravages dans les pays nordiques, sévissant tout particulièrement au cours des longs mois d’hiver. Elle s’affiche sur le visage des personnes qui l’ont contractée : le lupus vulgaire est une maladie cutanée causée par l’agent de la tuberculose, Mycobactérium tuberculosis. Les médecins sont démunis face à l’affection. Aucun traitement n’en vient à bout. Jusqu’à ce qu’un médecin danois, Niels Ryberg Finsen, développe une méthode originale qui obtient un franc succès. Il expose les zones de peau contaminées à des rayons concentrés de lumière et obtient la régression, puis la disparition complète des lésions. Ces travaux sont récompensés par le prix Nobel de médecine en 1903 et ce traitement fera référence jusqu’à la découverte des antibiotiques dans les années 1940.

 

SE SOIGNER GRACE A LA LUMIERE

 

L’efficacité du traitement de Finsen a longtemps été atribuée à la capacité de la lumière du soleil, et plus précisément aux rayons UVB, de provoquer la production de vitamine D, stimulante pour l’immunité. Mais en 2005, une équipe a démontré que le dispositif utilisé par le médecin ne pouvait pas transmettre ce type de rayonnements. Ils avancent ainsi une nouvelle explication : les bactéries responsables de la maladie contiennent des molécules, appelées coproporphyrines III, qui, exposées à la lumière, génèrent des radicaux libres. Ces espèces chimiques dérivées de l’oxygène sont très réactives et déstructurent le microbe pathogène. Ce principe est toujours utilisé pour soigner les maladies de peau, mais également en cancérologie, où les radicaux libres issus d’une substance photo-activable s’attaquent aux tissus malades. L’emploi thérapeutique de la lumière du soleil remonte à 4000 ans. Mais si nos ancêtres vénéraient l’astre comme un dieu, il a de nos jours très mauvaise presse. Accusé d’accélérer le vieillissement de la peau, de favoriser le développement de cancers cutanés, il est la cible de messages de santé publique clairs : il convient de s’en protéger, à grand renfort d’écran solaire total, de chapeaux, lunettes et vêtements longs. Pourtant certains constats remettent en question ce discours. Une récente étude  suédoise observe que les femmes qui se préservent le plus des rayons du soleil ont un taux de mortalité toutes causes confondues deux fois supérieur à celles qui s’exposent le plus. De plus, le risque de développer certaines maladies (des maladies auto-immunes, des cancers et des maladies cardiovasculaires) ou leur taux de mortalité varie en fonction de la latitude du lieu de vie et donc de la dose de rayonnements UV reçue. Il est ainsi légitime de s’interroger sur le bien-fondé de cet évitement du soleil. Car si les risques d’une surexposition sont réels, une dose de soleil adaptée (pas question de se faire cuire pendant des heures !) est bonne pour la santé de multiples façons, au-delà de l’action de la Vitamine D.

 

LE PROTECTEUR DU SYSTEME CARDIOVASCULAIRE

 

L’hypertension artérielle est un facteur de risque important de maladie cardiovasculaire (crise cardiaque, AV C, etc..) dont la fréquence augmente pendant les mois d’hiver et dans les pays les moins ensoleillés. Lorsque l’on soumet la peau de volontaires à un rayonnement UVA, la quantité d’oxyde nitrique dans leur sang grimpe en flèche. La lumière permet en effet la transformation des nitrites qui y sont stockés en ce précieux gaz, qui provoque un relâchement de la paroi des vaisseaux sanguins. Cette vasodilatation a un effet immédiat : elle abaisse la pression artérielle. Cet effet intéresse également les femmes enceintes, car le soleil permet de réduire le risque de pré-éclampsie, une complication de la grossesse, première cause de mortalité au cours de la grossesse dans nos pays. La découverte de ce mécanisme apporte un nouvel éclairage sur les raisons possibles de la faible mortalité par maladie cardio-vasculaire observée au Portugal, en Espagne, en Italie, en Grèce et en France par rapport aux autres pays d’Europe. Les niveaux d’ensoleillement plus élevés de ces pays pourraient contribuer à la bonne santé cardiaque de leurs habitants, et pas seulement leur régime alimentaire méditerranéen. L’oxyde nitrique intervient en outre dans l’immunité, où il facilite la guérison des plaies et joue un rôle antimicrobien et anti tumoral, ainsi que dans la transmission des messages au niveau du cerveau. Il diminue l’intolérance au glucose et la résistance à l’insuline, réduisant ainsi probablement le risque de diabète de type 2.

 

SOLEIL ET CANCER : LES FAITS

 

Le rayonnement ultraviolet est capable d’entraîner des mutations au niveau de l’ADN des êtres vivants et cette caractéristique lui confère son aptitude à favoriser le développement de cancers de la peau. C’est pourquoi les autorités mettent en garde contre une exposition excessive. Mais il semble jouer un rôle protecteur contre d’autres types de cancer. Des études épidémiologiques ont montré la moindre fréquence de cancer colorectal, du sein, de la prostate et du lymphome non hodgkinien chez les personnes qui s’exposent régulièrement au soleil. Dans une expérience faite sur des souris transgéniques prédisposées à développer un cancer colorectal, l’exposition au soleil ou la supplémentation en vitamine D a permis de réduire fortement la charge tumorale, c’est-à-dire la surface couverte par les tumeurs. Avec une différence cependant : les tumeurs des souris exposées aux UV avaient moins progressé que celles bénéficiant de la vitamine D, suggérant un avantage propre au rayonnement lumineux. Autre exemple : des chercheurs ont étudié les habitudes de vrais jumeaux pendant l’enfance, s’intéressant à leurs activités de plein air. Le constat a été frappant : les jumeaux qui ont passé plus de temps dehors ont moins de maladies auto-immunes comme la sclérose en plaques. Une bonne dose de soleil reçue pendant les premières années de vie permettait de réduire le risque de développer cette maladie de 25 à 57 %. Des résultats similaires ont été observés pour les autres maladies auto-immunes comme la polyarthrite, le psoriasis, le diabète de type 1, syndrome de Gougerot, etc. Et même une fois la maladie installée, le soleil présente des avantages santé : il calme les réactions auto-immunes, ralentit l’évolution et diminue le besoin en médicaments.

 

REMETTRE SON HORLOGE INTERNE A L’HEURE

 

Les processus qui se déroulent au sein de notre organisme sont calés sur un rythme d’environ 24 Heures. La production de mélatonine, l’hormone du sommeil, est par exemple inhibée en journée, sous l’effet des rayons lumineux. Puis, sa production augmente dans la soirée, pour atteindre un pic entre 2 et 4 heures du matin, nous garantissant un repos réparateur. Une faible exposition à la lumière naturelle en journée peut réduire la quantité de mélatonine produite la nuit, perturber le sommeil et décaler notre horloge biologique. Les conséquences peuvent être multiples, car elle contrôle un grand nombre de processus, notamment la réparation des dommages de l’ADN, la croissance et la survie des cellules, le métabolisme, etc…Des chercheurs ont constaté un lien entre l’exposition à la lumière naturelle du matin et l’indice de masse corporelle des personnes, et ont estimé que 20 à 30 minutes de lumière naturelle entre 8 heures et midi permettent un meilleur contrôle du poids. Pourquoi le matin ? La lumière du soleil est un cocktail de couleurs et parmi elles, la partie bleue du spectre joue un rôle essentiel dans la régulation de l’horloge biologique. Elle est disponible en bonne quantité le matin, puis, en cours de journée, à mesure que les rayons du soleil traversent une couche plus épaisse de l’atmosphère pour nous atteindre, elle est progressivement filtrée, jusqu’à disparaître. Ce qui nous prépare au sommeil… A condition que nous nous préservions de la lumière bleue émise par nos écrans.

 

UN STIMULANT INTELLECTUEL

 

Prendre un bain de lumière bleue matinale avant d’aller travailler pourrait également représenter un autre atout, d’après les résultats d’une récente étude américaine. Elle a porté sur 35 personnes en bonne santé, qui ont été exposées pendant 30 minutes à une lumière ambiante classique ou à de la lumière bleue, avant de réaliser des tests de mémoire. L’activité de leur cerveau était observée par IRM. Les résultats ont montré que les personnes soumises à la lumière bleue parvenaient à effectuer plus rapidement les tâches demandées ; la zone du cerveau correspondant au cortex préfrontal était mieux activée chez ces participants, rendant plus efficace leur mémoire de travail. Stimulée par ce type de lumière, la région produit de la noradrénaline, un messager chimique qui rend l’esprit plus alerte et permet des prises de décisions rapides. Les effets positifs se prolongeaient au moins 40 minutes après l’exposition. On connaît désormais l’astuce à suivre avant de passer un examen ou un entretien d’embauche.

 

LIBIDO ET SOLEIL

 

Mais pourquoi associer soleil et sexualité ? La réponse est simple : les rayons du soleil agissent effectivement sur nos désirs. Des chercheurs ont pu démontrer que l’exposition au soleil nous fait produire des endorphines, des hormones qui se lient aux récepteurs aux opiacés du cerveau et qui induisent relaxation, bien-être, mais aussi plus de libido, un meilleur contrôle de l’appétit et moins de douleurs. Cette production d’endorphines est à double tranchant : pour les chercheurs en biologie cutanée de l’université de Harvard (Etats-Unis), il s’agit d’un mécanisme acquis au cours de notre évolution qui a pour but d’augmenter la synthèse de vitamine D, mais la médaille possède un revers : les endorphines provoquent une légère addiction et peuvent nous pousser à nous exposer exagérément, ce qui est un réel facteur de risque de cancer de la peau.

 

 

 

 

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